Les Oiseaux, texte de l'adaptation. D'après Oiseaux d'Aristophane

Frédéric Vossier
Spectacle Les Oiseaux

Copinon dispose d’un GPS portable. Il a le nez dessus.

Espéron – Alors ? Qu’est-ce que dit ton machin ?

Copinon –  Il dit tout droit.

Espéron – Ah ouais ?

Copinon – Ouais.

Espéron – Et qu’est-ce qu’il y a tout droit ?

Copinon – Un chemin.

Espéron – Ah ouais ?

Copinon lève la tête. Temps.

Nom de Dieu ! Pas le moindre chemin dans ce coin !

Espéron – Bah ouais. Il y a rien.

Copinon – Des arbres.

Espéron - Tu peux nous dire où on est ?

Copinon – Non. J’en sais rien. On est dans les arbres.

Espéron – Ton machin ne sait pas nous conduire ?

Copinon – Bah non. Rien. Il sait rien.

Espéron – On est perdus.

Copinon – Bah ouais. Et si ça continue, on va y laisser notre peau.

Espéron – Et maintenant tu pourrais retrouver notre pays ?

Copinon – Foutre non, nom de Dieu. Ce machin marche pas.

Espéron – Quelle connerie.

Approche et adresse public

Copinon et Espéron – Messieurs et Mesdames.
On est là – maintenant – On est là parce qu’on a foutu le camp.
On a foutu le camp loin de la ville.
Ras le bol de la ville. 
Ras le bol des scandales et des affaires.
Ras le bol des arrestations et des procès.
Ras le bol des impôts et des débats.
Nous voulons un coin tranquille.
Nous voulons le bonheur libre et paisible de la vie.
Nous voulons nous installer une bonne fois pour toutes dans un endroit où l’on nous foute la paix.
La paix.
Oui, la paix.
Nous voulons la paix.
On veut rencontrer Térée-La Huppe.
Parce que peut-être qu’il a découvert à travers ses longs voyages dans les airs un endroit libre et paisible.

Repositionnement plateau

Copinon – C’est étrange qu’il n’y ait pas d’oiseaux avec tous ces arbres. Faisons du bruit. Cogne le rocher avec ton genou.

Espéron – Et toi fais-le avec ta tête. Ca fera deux fois plus de bruit.

Frappant le rocher – Hep ! Hep ! Hep !

Copinon – « Hep ! Hep ! » Qu’est-ce que tu dis ?  C’est Hup ! Hup ! Qu’il faut dire !

Espéron – Hup ! Hup ! Hup !

La Huppe fait son entrée, en oiseau déplumé, pourvu d’un grand bec.

Copinon – Oh qu’est-ce que c’est ?

Rires

La Huppe – Qui êtes-vous ?

Rires

Vous vous moquez. Qu’est-ce qui vous fait rire ?

Copinon – C’est ton bec.

Espéron – Et tes ailes.

La Huppe – Mais qui êtes-vous ?

Copinon – Des hommes.

La Huppe – D’où venez-vous ?

Espéron – Du pays où les hommes font la guerre.

La Huppe – Pourquoi êtes-vous venus jusque-là ?

Copinon – Nous avons l’intention de parler avec toi.

La Huppe – A propos de quoi ?

Copinon –  Avant, tu as bien été un homme.
Comme nous.
Tu as fait des dettes.
Et tu prenais beaucoup de plaisir à ne pas rembourser.
Puis après, tu t’es transformé en oiseau.
Tu as voyagé au-dessus des mers.
Au-dessus des terres.
Tu as fait le tour du monde.
Tu connais beaucoup de choses.
Tu connais le savoir de l’homme et le savoir de l’oiseau.

Espéron – Trouve-nous une ville tendre et confortable où l’on puisse s’allonger et vivre sans entraves.

Copinon – Une ville de plaisir et de jouissance sans entraves.
Une ville de tous les plaisirs et de toutes les jouissances !
Tu entends bien ?

Espéron – Une ville de bonheur, libre et paisible, et sans entraves.

Copinon – Quelle est la vie ici, chez vous, les oiseaux ?

La Huppe – D’abord, nous vivons sans argent.

Copinon – Donc pas d’escroquerie !

La Huppe – Ensuite, nous mangeons dans les jardins.
Sésame blanc.
Baies de myrte.
Graines de pavot.
Feuilles de menthe.

Espéron – C’est donc repas de fête à volonté !

Copinon, air soudain inspiré – J’ai une idée !
Temps.
Rassemblez-vous et fondez une cité !

La Huppe – Une cité ? Où ça ? Comment faire ?

Copinon – Lève la tête et regarde.
Baisse la tête et regarde.
Tourne la tête et regarde.
Que vois-tu ?

La Huppe – Le blanc des nuages.
Le bleu du ciel.
Le flottement de l’air.

Copinon – Les cieux.
La sphère des oiseaux.
Le milieu de la vie.
L’axe de toutes choses.
Il faut la coloniser.
L’organiser.
La fortifier.
Il faut se régénérer.
Dominer les hommes.
Il faut régner.
Et les dieux, affamez-les.

La Huppe – Les affamer ?

Copinon – Oui.
Qu’ils crèvent de faim.
Entre les dieux et la terre, il y a l’air.
Faites verser des droits aux dieux pour le transit en territoire étranger, quand les hommes veulent s’y sacrifier.

La Huppe – Je suis prêt à fonder cette cité avec toi, mais les autres oiseaux doivent être d’accord avec cette idée.

Copinon – Convoque-les.

La Huppe – Je vais battre le rappel.

Chant de La Huppe.

Epopopoï, popoï, popopopoï popoï
Io io ito ito
Venez tous.
Venez par ici.
Vous mes semblables.
Vous qui avez des ailes.
Vous qui vivez tranquillement.
Vous vivez et vous volez dans les champs des paysans.
Gorge et plumes.
Vol et chant.
Bec et pic.
Sillons et tourbillons.
Coups d’ailes et pépiements.
Tio tio tio tio tio tio tio tio.
Becquetées et nids.
Vous êtes perchés dans les jardins.
Montagnes et prairies.
Là-haut.
En bas.
Partout.
Accourrez à mon appel.
Trioto trioto totobrix
Venez tous ici.
Cieux et alcyon.
Venez tous ici.
Il y a du nouveau.
Il y a un homme intelligent et nouveau.
Il a une idée nouvelle.
Il a un projet nouveau.
Venez tous ici.
Il faut en parler.
Venez tous ici.

Chœur des oiseaux, caché – toro toro toro torodix

Kikkabau kikkabau
Torotorotorolililix

Copinon – En vois-tu ?

Espéron – Pas la plume d’un !

Copinon – Ca n’a eu aucun effet.

Oiseau – Torotix torotix !

Copinon – Là, t’entends ?

Un oiseau apparaît.

Ca, c’est un oiseau, un vrai !

Espéron – Oiseau, oui, mais de quelle espèce ?

La Huppe – C’est un lacustre.

Compinon – Couleur de flamme.

La Huppe – C’est pourquoi on l’appelle Flamant.

Espéron – Là ! Un autre !

La Huppe – C’est un saharien.

Copinon – Et là !

La Huppe – Un fauconneau.

Espéron – Et lui ?

La Huppe – Lui, c’est un Avale-tout.

Copinon – Ici, une perdrix.

Espéron – Là-bas, un fancolin !

Copinon – Et une sarcelle !

Espéron – Et un alcyon ! Mais derrière l’alcyon, c’est quoi ?

La Huppe – Un barbier.

Espéron – Ca existe, un oiseau barbier ?

Copinon – Pourquoi pas ?

La Huppe – Là vous avez une chouette.
Pie !
Pivert !
Alouette !
Fauvette !
Toucan !
Pélican !
Coucou !
Hibou !
Grand duc !
Roitelet !
Milan !
Goéland !
Rouge-queue !
Rouge-gorge !
Autruche !
Perruche !
Hulotte !
Linotte !

Copinon et Espéron, en extase.

Copinon – Quelle agitation !

Espéron – Quel piaillement !

Copinon – Et si c’était des menaces contre nous ?

Espéron – J’en ai bien peur.

Le Coryphée – Oukéti oukéti oukéti, çuiki nous a fait v’ni ?
Ouski ousqu’il a son nid ?

La Huppe – C’est moi ! J’habite ici depuis longtemps et je suis votre ami !

Le Coryphée – Quoicéti, dis, quoicéti, que tu veux nous dire en ami ?

La Huppe – Deux hommes sont venus jusqu’ici pour me voir.
Deux hommes particulièrement intelligents.
Deux hommes viennent ainsi proposer un projet d’intérêt général.
Un projet juste.
Un projet sans risque et sans perte.
Un projet jouissif.

Le Coryphée – Où ? Par où ? Kékou tu dis ?

La Huppe – Voilà deux hommes avec un projet prodigieux.

Le Coryphée – Traître !
Tu n’es qu’un traître !

La Huppe – Pas d’affolement.

Le Coryphée - Entourloupe !
Kékou tu dis ?
Kékou ?

La Huppe – Deux hommes que nous accueillons.
Ici, chez nous.
Deux hommes avec l’amour de notre communauté.

Le Coryphée – Vraiment ?

La Huppe – Oui, absolument.

Le Coryphée – Vraiment vrai ?

La Huppe – Oui, joyeusement.

Choeur – Kaï ! Kaï !
Trahison !
Viol et profanation !
La Huppe tu étais notre ami.
La Huppe tu allais avec nous au ravitaillement
La Huppe tu allais avec nous dans les champs.
La Huppe tu deviens notre ennemi.
Tu veux nous abandonner aux hommes.
Les hommes qui nous veulent du mal.
Les hommes qui nous font la guerre.

Le Coryphée – Nous réglerons le compte de La Huppe plus tard.
Ouvrons nos becs et déchiquetons d’abord ces deux hommes.

Copinon – Nous sommes faits !

Chœur – Ailes !
Ailes déployées !
Alerte !
Assaut !
Attaque !
Carnage !
Charpie !
Sang !
Chair !
Os percé !
Os brisé !
Sang qui coule !
Chair mordue !
Moelle !
Jusqu’à la moelle !

Espéron – Nous sommes vraiment faits !

Copinon – Où fuir ?

Le Coryphée – Foncez !
Piquez !
Mordez !
Frappez !
Morcelez !
Cassez !
Dépecez !
Mangez !
Buvez !
Gazouillez !
Chantez !
Riez !
Volez !
Détruisez !
Massacrez !
Jusqu’à la moelle !

La Huppe – Halte là !
Sale espèce de bêtes !
Ces deux hommes ne vous ont rien fait.
Ces deux hommes sont mes semblables.
Ces deux hommes sont peut-être venus ici pour nous transmettre quelque chose d’utile.

Le Coryphée – Un homme, nous enseigner quelque chose d’utile ?
Les hommes sont nos ennemis.
De génération en génération.

La Huppe – Ne doit-on pas tirer des leçons de nos ennemis ?
Ne doit-on pas être sage ?
La prudence n’est-elle pas mère de toute sécurité ?

Temps de réflexion du Coryphée.

Le Coryphée – Tout bien considéré, il est sûrement préférable d’écouter.

La Huppe – C’est mieux comme ça, non ?

Le Coryphée (au chœur) – Ne bougez plus !
Stoppons net l’assaut !
Ces deux hommes : qui sont-ils ? d’où viennent-ils ?

La Huppe – Ils viennent de la mégapole.
Ils viennent ici par amour pour vous.
Ils aiment la façon dont vous vivez.
Ils viennent pour partager cette façon de vivre.
Ils viennent ici pour partager avec vous la vie entière.

Le Coryphée – Que disent-ils ?

La Huppe, à Copinon – C’est à toi, maintenant.
Vas-y, parle !

Copinon – Oh là doucement.
Je suis prêt à parler à condition que l’on conclut d’abord un pacte.

Le Coryphée – Lequel ?

Copinon – Interdit de me mordre !
Interdit de me trouer !
Interdit de m’émasculer !

Le Coryphée – Affaire conclue !
Maintenant expose-nous ton idée !
Parle !

Copinon – Oui je vais parler –
Et je vais dire –
Je vais dire que vous, les oiseaux –
Vous –
Vous êtes les rois –
Rois de tout ce qui existe.
Moi y compris.
Zeus y compris
Cosmos y compris.
Vous existiez avant le Temps.
Avant l’Espace.
Avant la Terre.
Avant même l’Atmosphère.
Avant les Astres et les Etoiles.
Vous existiez avant toute chose.
Le premier des êtres était un oiseau.
Le tout premier.
Le tout puissant.
La première cause.
N’est-il donc pas juste que l’oiseau soit un roi ?
Soit le Roi tout puissant qui règne sur les dieux, les hommes, et la matière ?
Parce que ce sont les oiseaux qui jadis avaient :
La couronne.
La force.
L’autorité.
La grandeur.
La sainteté.
Le pouvoir.
Oui.
Le règne et la gloire.
C’était comme ça.
Alors qu’aujourd’hui les hommes vous rabaissent.
Vous méprisent.
Vous lancent des pierres.
Vous chassent et vous vendent.
Vous rôtissent et vous mangent. 

Chœur – Homme bon et juste parmi les hommes accablants.
Tu es venu en sauveur !

Le Coryphée – Que devons-nous faire ?
Apprends-nous le.
Nous devons retrouver la souveraineté qui nous revient.

Copinon – Ainsi voici mon plan d’action :

D’abord, il convient de fonder la cité une et indivisible des oiseaux.

Ensuite, il faut monter un grand mur d’enceinte sur tout le pourtour de l’espace aérien, entre la terre et le ciel.

Une fois ce mur dressé, exigeons des dieux qu’ils perdent leur pouvoir.

Sinon, déclarons la guerre.

Interdiction aux dieux de circuler dans votre espace.

Pour les hommes, envoyez un missionnaire pour avertir que désormais c’est aux oiseaux qu’ils doivent prioritairement sacrifier, et non plus aux dieux.

 

Le Coryphée – Quel changement !

Quelle jubilation !

Parler d’entente idéale et cordiale.

Unissons-nous.

Homme cher, noble, juste et pieux !

Marchons de cœur ensemble !

Reprenons aux dieux ce qui nous appartient.

 

La Huppe – Oui.

N’attendons plus longtemps !

Agissons !

Agissons vite !

Agissons mais d’abord mangeons !

 

Espéron – Oui. Bonne idée.

 

La Huppe – Bienvenue et bon appétit à vous deux.

 

Copinon – Merci de ton accueil.

 

La Huppe – Entrez par ici.

 

Copinon – Nous te suivons.

 

La Huppe – Venez.

 

Copinon – Aïe !

 

La Huppe – Plait-il ?

 

Copinon – Comment ferons-nous sans ailes pour vivre et voler avec vous ?

 

La Huppe – N’aie pas peur. Il existe une petite racine qu’il faut croquer pour avoir des ailes qui poussent aux épaules.

 

Copinon – Dans ce cas, entrons !

 

 

 

LA PREMIERE PARABASE

 

 

Le Coryphée – Regardez-vous les hommes.

Destin sans éclat.

Vie ordinaire

Vie sans lumière.

Vie creuse.

Corps sans aile.

Vie éphémère.

Corps qui fuit.

Corps qui pourrit et meurt dans la boue.

 

Nous.

Regardez-nous.

Corps immortel.

L’éternité dans les ailes.

La traversée de l’éther.

Ecoutez-nous.

Sur la nature des Oiseaux.

L’origine des dieux et des fleuves.

De la nuit et du chaos.

 

Tout commence dans la nuit.

Un œuf.

Naissance d’un œuf pur et sans germe.

Un œuf d’où jaillit Eros.

Les ailes d’or d’Eros qui brillent dans la nuit.

L’élan vital d’Eros qui s’enroule.

Eros s’enroule et épouse le vide.

Et les oiseaux sortent.

 

Et puis sortent encore le ciel, la terre, l’océan et des dieux bienheureux.

 

Nous sommes les enfants de l’amour.

 

Regardez nos ailes.

 

Tous les services que nous rendons aux mortels.

 

Nous marquons les saisons.

 

A qui avez-vous recours quand vous pensez commerce, moyens d’existence, et mariage ?

 

Divinisez-nous.

 

Nous vous annoncerons les vents.

 

Saison d’hiver.

 

Saison d’été.

 

Températures tempérées.

 

Nous ne fuirons pas pour trôner là-haut.

 

Comme le fait Zeus dans les nuées.

 

Non !

 

Nous serons présents.

 

Pour vous combler.

 

Vous aurez richesse et santé.

 

Paix, jeunesse et joie.

 

Danses et festivités.

 

Vous aurez tout.

 

Une vie douce.

 

Une vie d’or.

 

 

Chœur – Muse des bocages

- tiotiotiotiotin’x

Muse aux cent visages

La Muse toujours près de moi.

Dans le creux des bois.

Dans les feuillages.

Dans les branchages.

Sur les monts.

- tiotiotiotin’x

Dans le gosier

Le jaillissement de chants sacrés.

Les cadences

Danses

Célébration de la Mère.

Goûter au fruit des mélodies célestes.

Air exquis et enchanteur.

 

 

Coryphée – Chers spectateurs.

 

Si le cœur vous en dit.

 

Venir vivre une vie de plaisir chez les oiseaux.

 

Nous aimons l’abject.

 

Frapper son père est une belle chose.

 

 

Chœur – Le chant des cygnes à l’unisson

- tiotiotiotiotin’x

l’hymne d’Apollon

Le rythme cadencé

Les battements d’ailes

- tiotiotiotiotin’x

La stridence venant des profondeurs de l’éther

Les cris qui s’élèvent

La caresse du souffle sur le calme des flots

Les rives du fleuve nordique

Les bêtes sauvages

L’air et les nues

Ciel pur et calme

- totototo tototototin’x

L’Olympe résonne

Tiotiotiotin’x

 

Le Coryphée – Rien n’est plus pratique et flamboyant que de naître avec des ailes qui vous poussent dans le dos.

 

 

Apparition équipée en oiseau d’Espéron et de Copinon.

 

Copinon – Voilà une chose qui est faite !

 

Espéron rit.

 

Qu’est-ce qui te fait autant rire ?

 

Espéron continue de rire sans répondre, comme pour se moquer.

 

Et toi tu t’es bien regardé ?

 

Espéron rit encore. Arrivée du Coryphée.

 

Le Coryphée – Et maintenant que faut-il faire ?

 

Copinon – D’abord, trouvons un magnifique nom à notre ville. Et ensuite, sacrifions aux dieux.

 

Espéron – Oui. Réfléchissons à un nom.

 

Le Coryphée – Oui. Réfléchissons. Quel nom peut-on lui donner ?

 

Ils réfléchissent chacun dans leur coin.

 

Espéron – Donc ?

 

Copinon – Donc ?

 

Le Coryphée – Donc ?

 

Espéron – Oui. Mais quel nom lui donner ?

 

Le Coryphée – Pensons à l’environnement.

Aux nuages.

Aux contrées supérieures de l’air.

 

Copinon – Coucouville-les-Nuées ? Ca vous tente ?

 

Le Coryphée – Oh oui !

C’est magnifique !

C’est grandiose !

C’est divin !

Mais qui va faire le guet à nos remparts ?

 

Copinon – Un oiseau.

 

Le Coryphée – Un oiseau ?

Un oiseau d’ici ?

Et de quelle espèce ?

 

Copinon – Le coq !

Il nous faut un coq !

Car il inspire la terreur.

Car c’est le seigneur de la guerre.

Et il peut se nicher sur les rochers.

 

A Espéron : Quant à toi, maintenant, tu peux aller donner un coup de main à ceux qui construisent la ville.

 

Soupir d’Espéron.

 

Dépêche-toi et reviens quand tu auras fini.

 

Espéron s’en va en traînant la patte. 

 

Maintenant, pour sacrifier aux dieux, il nous faut appeler le prêtre qui mènera le cortège.

 

Musique.

 

Chœur – Sacrifice.

Fusion.

Précipice de sang.

Procession.

Emotion.

Cou de l’animal.

Egorgé.

Cri de l’animal.

Egorgé.

Vibration.

Cri d’ovation.

Animal.

Sacré.

 

Copinon – Oh ciel c’est quoi cette musique ! Assez ! Fous le camp !

 

Arrivée du prêtre.

 

Prêtre, fais ton office : sacrifie aux nouveaux dieux.

 

Prêtre – Je m’apprête à le faire.

Priez mes frères.

Et demandez à la protectrice de vos nids,

A Milan gardien des foyers,

Aux Oiseaux venant du Mont de l’Olympe…

 

Copinon – Mouais…

 

A l’Oiseau-Lyre de Delphes et de Délos,

A Latone la reine des Cailles,

A Artémis reine de la chasse…

 

Copinon – Mais encore…

 

Au paon de Cithère,

A l’autruche, mère des dieux et des hommes…

 

Soupir de Copinon.

 

D’accorder aux citoyens de Coucouville

Prospérité

Santé

Salut…

 

Il s’endort.

 

A nos héros de haute volée :

Pluvier

Pivert et pélican

Jabiru

Pintade et faisan

Fauvette

Sarcelle et frégate

Fou de Bassan

Becfigue

Messange…

 

Il se réveille en pleine énumération. Soupir de lassitude.

 

Copinon – Stop !

Fini !

Ras-le-bol !

Tu nous ennuies avec ta liste.

Fous le camp !

C’est moi qui ferai le sacrifice.

Moi.

Oui moi tout seul.

 

Il chasse le prêtre et commence l’ablution rituelle.

 

Avec ce sacrifice, prions les dieux volatiles.

 

Entrée d’un poète déguenillé, qui chante.

 

Le poète – Sur Coucouville-les-Nuées

O jolie muse

Sur cette cité pleine de félicité

O jolie muse

Sur cette cité de bonne fortune

Chante-nous une chanson qui vole dans les airs.

 

Copinon – Qui c’est ce mec ?

Eh oh !

T’es qui, toi ?

 

Le poète – Moi ?

Moi –

Je suis un poète électrotechnique.

Ecoute ma parole –

C’est du miel et des éclairs.

Je suis l’amoureux serviteur –

Des muses.

Comme disait si bien Homère.

 

Copinon – Oui d’accord, mais tu es vraiment sale et tes cheveux sont vraiment bizarres.

 

Le poète – Oui d’accord, mais nous, les poètes –

Nous régnons en maître –

Sur les mots et les rythmes.

Comme disait si bien Homère.

 

Copinon – Oui d’accord, mais quel bon vent t’amène par ici ?

 

Le poète – Pour célébrer votre cité.

J’ai composé des vers

Rondeau

Cantates

Sonnet

 

Copinon – Oui d’accord et depuis quand chantes-tu notre cité ?

 

Le poète – Depuis si longtemps.

 

Copinon – Oui d’accord mais je viens à l’instant de lui donner officiellement son nom !

 

Le poète – Toi !

Ecoute le verbe des Muses.

Ecoute sa chevauchée !

Le galop des sons et des mots.

Le galop des rythmes.

Toi qui a fondé cette ville !

Toi dont le nom est désormais sacré !

 

Tendant la main :

 

Donne-nous

Une petite pièce.

 

Copinon – Quel boulet !

Comment s’en débarrasser ?

 

Il réfléchit, cherche un peu partout quelque chose et trouve un blouson de cuir.

 

Tiens prends ce blouson.

Il te faut un bon blouson.

Quoi ?`

Qu’est-ce qu’il y a ?

Il ne te plaît pas ?

 

Le poète – Si.

Je suis touché.

Tu as du coeur.

Mais je veux un badge.

Il me faut un badge.

Un cuir sans un badge, c’est plus vraiment un cuir.

Souviens-toi de ce vers de –

 

Copinon – Quel boulet !

Il pèse encore lourd –

 

Le poète – « Car les punks errants jettent de leur meute

Tout homme dépourvu de badges

Tout punk errant doit être un barge »

Ni lumière ni gloire au cuir sans badge.

Tu piges ?

 

Copinon – Ok ! J’ai pigé !

Un badge !

 

Il observe à nouveau et cherche, trouve une vieille décoration d’armée ou un pins.

 

Et ça, ça fera l’affaire ?

 

Le poète – Je m’en vais.

Et je composerai

Cet été 

Sur votre cité

Une chanson inspirée

Par exemple :

« Punk au badge doré

N’est pas encore mort

Il hurle la cité

Dans son cuir racé

La cité vibrante et électrique

Il se jette dans la meute fantastique

Pour hurler aux vents

Les lieus lacérés

De la cité »

 

Il part en chantant et en dansant.

 

Copinon – Bon sang !

Quel vrai boulet !

Enfin le voilà parti !

Enfin maintenant !

Recueillons-nous !

 

Méton – C’est moi qui viens –

Qui vient vers vous.

Oui c’est moi.

 

Copinon – Quoi, c’est toi ?

 

Méton – Oui c’est moi !

 

Copinon – Encore un boulet !

 

Méton – Oui c’est –

 

Copinon – Oui on a compris.

Que viens-tu faire ?

 

Méton – C’est moi qui viens prendre les mesures de l’air.

C’est ma volonté.

C’est la volonté de Méton.

 

Copinon – Méton ?

Méton – Oui c’est moi.

 

Copinon – Oui on a compris.

 

Méton – Vous avez compris que c’est moi.

Moi Méton –

 

Copinon – Oui –

 

Méton – C’est moi.

 

Copinon – Quel boulet !

 

Méton – Méton oui c’est moi.

Célèbre webwoman et astronome.

Auteur d’une réforme de l’électronique.

Célèbre dans les airs fantastiques et les fils électriques.

Dans tous les réseaux bénéfiques.

Oui c’est moi. 

 

Copinon – Méton –

 

Méton – Oui c’est –

 

Copinon – c’est quoi tout cet attirail avec toi ?

 

Méton – Des règles à mesurer l’air et les fils électriques dans l’air.

La masse d’air et d’information a la forme d’un bassine trouée

Et moi Méton –

Oui c’est moi –

Qui prends un clavier et j’applique dans le trou de la bassine

Cette règle –

Tu comprends ?

 

Copinon – Rien du tout !

 

Méton – Oui c’est moi Méton

Qui applique dans le trou de la bassine

Pour mesurer les dimensions

Grâce à l’application d’un clavier orthogonal

De telle façon

A ce que –

Comprends-tu ?

 

Copinon – Non toujours rien !

 

Méton – Oui car c’est moi Méton qui explique –

 

Copinon – Quel boulet !

 

Méton – Oui c’est moi qui viens t’expliquer –

De telle façon

A ce que

Au centre de la bassine –

Un trou essentiel

Fasse passer

Des informations

Pour que les fils électriques

Irradient partout des informations –

 

Copinon – Méton –

 

Méton – Oui c’est moi qui explique –

 

Copinon – Méton je t’apprécie – tu le sais –

 

Méton – Oui c’est moi que tu apprécies –

 

Copinon – Alors il faut que tu partes !

 

Méton – Pourquoi ?

 

Copinon – Ici comme ailleurs

Certains n’aiment pas les étrangers

Certains sont nerveux et agités.

Ca expulse beaucoup dans la cité.

 

Méton – Non c’est moi que tu expulses ?

 

Copinon – Oui.

Le peuple a voté

A l’unanimité

Que tous les boulets allaient se faire cogner !

 

Méton – Oui Méton c’est moi qui pars tranquillement.

Oui c’est moi qui pars discrètement.

Méton oui c’est moi.

Bye bye !

 

Copinon – Pas sûr que tu es le temps de partir aussi tranquillement !

Tiens !

 

Il le frappe.

 

Méton – Non c’est moi – Méton –

 

Frappe à nouveau

 

Aïe ! Aïe ! Pauvre de moi Méton !

 

Copinon – Tire-toi mesurer les trous d’information dans les airs !

 

Méton s’enfuit. Arrivée d’un autre personnage.

 

L’inspecteur – Où est le consulat ?

 

Copinon, gros soupir – Qui c’est encore ce boulet ?

 

L’inspecteur – Je suis l’Inspecteur.

Je suis mandaté par tirage au sort.

Je suis chargé de mission à Coucouville-les-Nuées.

 

Copinon – Inspecteur ?

Chargé de mission ?

Qui t’a missionné ici ?

Un bureaucrate ?

Que dirais-tu de toucher un chèque dès maintenant et de repartir aussi sec sans dommage ?

 

L’inspecteur – Je voulais rester chez moi.

Je voulais me rendre à la Commission.

Je suis impliqué dans un grand débat à la Commission.

Un grand débat sur les faciès d’Asie et d’Alaska.

Alors oui, le chèque, je le touche tout de suite !

 

Copinon, frappant l’inspecteur – Tiens ! Prends ça ! Voilà ce que tu touches !

 

L’inspecteur – Eh mais qu’est-ce qui se passe ?

 

Copinon – Un grand débat sur ton nez d’Alaska !

 

L’inspecteur – Il y a des témoins.

Je suis l’Inspecteur.

Je suis mandaté par tirage au sort.

Je suis dans l’exercice de mes fonctions.

Je suis agressé physiquement.

Les témoins témoigneront.

 

Copinon – Vas-tu foutre le camp de là !

 

L’inspecteur fuit, se cache dans les environs. Un autre personnage arrive : le Marchand de décrets).

 

Le Marchand de décrets, lisant document – « Dans la situation où le citoyen de Coucouville porte atteinte à la dignité d’un citoyen d’Athènes » -

 

Copinon – Un boulet de plus !

Un boulet à paperasse !

Mais qui es-tu, toi ?

 

Le Marchand de décrets – Je suis voyageur de commerce – j’aime les techniques de vente -

 

Copinon – VRP, quoi ?

 

Le Marchand de décrets – Je suis cadre commercial.

Je voyage pour vendre des lois et des décrets tout neufs, prêts et dispos.

Je voyage parce que j’aime la force de vente.

 

Copinon – On t’écoute.

 

Le Marchand de décrets – Je propose Application avec le sourire et les dents blanches par les citoyens de Coucouville du même réseau monétaire, informatique et pondéral en ligne dans tous les distributeurs des cités mondiales. Avec force et conviction. Dernier cri.

 

Copinon, le frappant – Tu vas surtout adopter cette loi !

 

Le Marchand de décrets – Eh mais t’es pas bien ?!

 

Copinon – Garde ta force de vente et tes dents blanches !

Moi je vais t’appliquer notre loi.

Et tout de suite.

 

Il le frappe encore et le pousse à partir.

 

L’Inspecteur, réapparaissant – Je suis l’Inspecteur.

J’assigne en justice le citoyen Copinon pour violence et voies de fait !

 

Copinon – Incroyable !

Toi le boulet d’Alaska, encore là ?!

 

Le Marchand de décret – « Dans la situation où un citoyen de Coucouville oppose aux juges un refus d’obéir, une fin de non-recevoir, nonobstant les applications » -

 

Copinon – Oh non !

Quelle journée !

Toi aussi t’es un vrai boulet !

 

L’Inspecteur – Je suis l’inspecteur.

Je t’exploserai dans l’exercice de mes fonctions !

Je vais dresser un procès-verbal avec une amende d’un million de dollars.

 

Le Marchand de décrets – Souviens-toi du soir où tu as chié sur le décret !

 

Copinon – Qu’on les chasse de là !

 

Ils s’enfuient.

 

 

SECONDE PARABASE

 

 

Le Chœur – Moi !

Moi !

Moi !

Moi !

Maintenant !

Je vois tout !

Je peux tout !

J’entends tout !

Je touche tout !

Les hommes doivent maintenant nous donner :

Sacrifice !

Prière !

Liturgie !

Vœux !

Offrande !

Nous régnons et nous brillons !

Acclamation et lumière !

Nous sommes les Maîtres !

Nous contrôlons et sauvons les récoltes !

Nous massacrons les parasites qui grimpent sur les arbres et qui glissent sur la terre !

Nous dévorons les fruits verts et monstrueux !

Nous massacrons les rongeurs et les rampants !

Nous surveillons les jardins, les bois, les vallées !

Nous exterminons tout ce qui est mauvais !

 

Coryphée – Nous proclamons ceci :

Nous récompenserons quiconque trouvera sur son passage et exécutera un marchand d’oiseau.

Quadruple récompense pour celui qui nous le livrera vivant.

Car sachez ce que fait un marchand d’oiseau :

Il empale les pinsons et les brade pour une obole,

Il inflige aux grives de terribles sévices en les exposant, engraissées, sur un étal,

Il enfile les plumes des merles dans les trous de leur bec,

Il capture de la même façon les pigeons pour les garder enfermés et en faire des appeaux ligotés dans un filet.

Voilà donc ce que nous devons proclamer avec fermeté.

Si l’un d’entre-vous élève des oiseaux dans des cages, nous lui demanderons de les libérer.

Si vous refusez d’obtempérer, vous serez capturé et enchaîné pour servir d’appeaux comme un oiseau.

 

Le chœur – Les oiseaux !

Le bonheur des oiseaux !

Le bonheur des ailes !

Le bonheur de voler dans la neige !

Sous la pluie !

Le bonheur de voler dans le soleil !

Ses rayons !

Sa puissance !

Le bonheur de raser les prés et les fleurs !

Le bonheur d’écouter la cigale !

Son cri aigu et perçant !

A midi, en plein soleil !

Son cri ivre et vibrant !

Le bonheur du printemps.

Le bonheur de manger du myrte blanc.

Les oiseaux.

Le bonheur.

 

Coryphée – Au public de ce spectacle,

Nous adressons quelques mots sur les applaudissements qui seront exécutés à la fin :

S’ils sont longs et forts, toutes les personnes du public en tireront quelques avantages.

D’abord, ce qu’apprécie tout spectateur, c’est d’avoir des places gratuites pour aller voir plein de spectacles et nous vous en donnerons ! Et nous vous donnerons la chance de pouvoir ces drôles d’oiseaux qui jouent, dans les loges, au restaurant, chez vous, dans votre maison, car nous savons que vous aimez cela, parler et regarder de près les acteurs.

Ensuite, vous habiterez de beaux sanctuaires, car on vous donnera des ailes. Peut-être aurez-vous alors envie d’avoir un peu de pouvoir, dans ce cas nous vous donnerons un beau rapace.

Mais si jamais vos applaudissements sont faibles et courts, alors prévoyez un parapluie pour vous protéger ! car tous les oiseaux du ciel, au moment de sortir de la salle, vous chieront dessus ! 

 

Apparition de Copinon.

 

Copinon – Le sacrifice s’est bien passé.

Mais la muraille ?

A-t-on des informations sur la muraille ?

Tiens un messager !

 

Apparition du messager.

 

Le messager – Où où où ouéti ?

Où où ouéti ?

Ouécétékilé ?

Le chef ?

 

Copinon – Je suis là !

 

Le messager – La muraille est terminée.

 

Copinon – Très bonne nouvelle.

 

Le messager – Magnifique muraille !

Grandiose !

Puissante !

Large !

Monumentale !

Ecrasante !

Terrible !

 

Copinon – C’est pas vrai ?

 

Le messager – Epoustouflante !

 

Copinon – Eh !

 

Le messager – Sublime !

 

Copinon – Ah !

 

Le messager – Absolue !

 

Copinon – Oh !

 

Le messager – Grandeur absolue faite seulement avec des mains d’oiseaux !

 

Copinon – Hi !

 

Copinon reste bouche bée.

 

En aussi peu de temps ?

 

Le messager – Absolument !

 

Il disparaît.

 

Chœur (répétant, chantant ) – Aïe !

 

Copinon – Quoi ?

 

Chœur – Un drame !

 

Copinon – Lequel ?

 

Chœur – Une divinité a franchi la muraille et violé notre ciel !

 

Copinon – Aïe !

 

Chœur – Aïe !

 

Copinon – Que sait-on ?

 

Chœur – Qu’elle a des ailes !

 

Copinon – Que faites-vous ?

 

Chœur – On la traque !

 

Copinon – Où est-elle ?

 

Chœur – Dans l’éther.

Pas loin d’ici.

Quelque part.

Dans les airs.

Elle rôde.

 

Copinon – Aïe !

 

Chœur – Aïe !

 

Copinon – Tirez !

Frappez !

Traquez-la !

 

Chœur – Aïe !

C’est la guerre.

La guerre entre nous et les dieux.

Ouvrir bien les yeux.

Surveiller bien les cieux.

Et les nuages.

Interdire qu’un dieu viole notre ciel et passe la muraille.

 

Coryphée – Ouvrez bien l’œil !

Scrutez bien les nuages.

Les profondeurs.

Ouvrez bien l’oreille.

Ecoutez bien l’éther.

Les profondeurs.

Vous n’entendez pas un bruissement d’ailes ?

 

Iris apparaît. 

 

Copinon – Eh oh ?

Toi !

Qui es-tu ?

Où vas-tu ?

Ne bouge plus !

D’où viens-tu ?

 

Iris – Je viens des monts de l’Olympe.

 

Copinon – Comment t’appelles-tu ?

 

Iris – Iris-la-Fusée.

 

Copinon – Fuselée ?

 

Iris – Qu’est-ce que tu dis ?

 

Copinon – Fusion ?

 

Iris – De quoi tu parles ?

 

Copinon – Des jambes en furie ?

 

Iris – Je comprends toujours pas.

 

Copinon – Par où es-tu passée avec tes belles jambes fiévreuses ?

 

Iris – Comment le savoir ?

 

Copinon – Vous entendez ça ?

Créature fébrile !

Jambes innocentes !

As-tu montré autre chose ?

 

Iris – Quoi ?

 

Copinon – Un visa.

 

Iris – Un quoi ?

 

Copinon – A part tes jambes fielleuses, tu n’as rien d’autre ?

 

Iris – Et toi ? Es-tu certain d’avoir une tête ?

 

Copinon – Et la police ? Elle n’a pas serré ses jambes insouciantes ?

 

Iris – Non, personne ne m’a serré.

 

Copinon – Tu oses comme ça laisser ses jambes audacieuses voler dans les airs d’un espace qui ne t’appartient pas ?

 

Iris – Par où veux-tu que les dieux passent ?

 

Copinon – Eh bien j’en sais rien.

Mais ici c’est interdit.

Tu as beau avoir deux belles fusées bien galbées, je devrais t’arrêter et t’exécuter.

 

Iris – Moi ? Une immortelle ?

 

Copinon – Immortelles cuisses bien lisses…

Euh, mais dis-moi : vers où se dirigent ses jambes sur lesquelles on glisse ?

 

Iris – Vers la terre des hommes.

Mon père m’y envoie.

Les hommes doivent sacrifier aux dieux de l’Olympe.

 

Copinon – Mais tu parles de quels dieux ?

 

Iris – Mais nous bien sûr : les dieux !

 

Copinon – Vous ?

 

Iris – Nous ! Sinon, qui d’autre ?

 

Copinon – Nous !

 

Iris – Vous ?

 

Copinon – Mais les dieux c’est nous !

Les Oiseaux, bien sûr ! Qui d’autre, sinon ?

 

Iris – Pauvre malade !

Ne va pas me foutre en colère !

Méfie-toi de Zeus et de sa foudre.

Il pourrait t’anéantir toi et ta race.

Méfie-toi du feu du ciel.

Il pourrait te brûler toi et ta race.

 

Copinon – Non !

C’est à toi d’écouter, jambes enflammées !

Ne me prends pas pour un guignol !

J’ai ce qu’il faut comme armée pour les attaquer, ton dieu et ta foudre de l’Olympe !

Et toi, si tu commences à m’exciter les nerfs ou autre chose,

Chères jambes crémeuses et agitées,

Je te les mets en l’air,

Ces jambes ensorcelées,

Sens dessus dessous,

Chavirées et bien trempées,

Et je perce !

Et tu seras étonnée

Qu’un pauvre malade comme moi

Te perce aussi fort !

 

Iris – Tu peux t’écraser vieux malade !

 

Copinon – Tu fous le camp oui ou non ?

Allez, vite, du balai !

Fissa tes jambes !

 

Iris – Mon père t’écrasera.

 

Copinon – Bouh j’ai peur !

Va donc enjamber ailleurs !

 

Iris s’en va.

 

Chœur – Dieux et enfants des dieux sont recalés.

Désormais.

Interdiction absolue pour eux de traverser notre ville.

Interdiction absolue à tout homme de faire monter vers eux les autels.

Zone interdite et protégée.

Interzone sacrée !

 

Copinon – Et cet héraut en mission chez les hommes ?

Que devient-il ?

 

Apparition du Héraut, une couronne d’or à la main.

 

Héraut – O toi Chef bienheureux des Oiseaux !

Bienveillant !

Sage !

Illustre !

Doux !

Prudent !

Bon !

Glorieux !

Gracieux !

 

Copinon, agacé – C’est bon.

Qu’as-tu à me dire ?

 

Héraut – Je t’apporte une couronne d’or.

C’est l’honneur qui t’est rendu par tous les peuples unis.

Car tu es suprême.

Suprêmement sage !

 

Copinon – C’est bon, je prends.

Mais pourquoi ces peuples unis m’honorent-ils ?

 

Héraut – O toi Chef fondateur d’une cité glorieuse !

Sais-tu que les hommes t’admirent ?

Sais-tu que les hommes veulent ressembler aux oiseaux ?

Vivre comme eux, comme toi, comme nous !

Nous sommes des idoles.

Nous sommes plein de vie et de lumière !

Nous sommes un modèle de vie !

Ils vont venir !

Oui, les hommes !

Ils vont venir jusqu’ici par milliers !

Chercher des ailes et des becs crochus.

Ils vont venir jusqu’ici nous imiter.

Comment faire face à cette imitation ?

Comment faire face à cette immigration ?

 

Copinon – C’est bon.

Agissons !

Prévoyons des brouettes d’ailes !

Moi j’accueille les immigrants !

 

Chœur – Notre cité va devenir une société de masse !

Et les hommes dans la masse vont s’unir d’amour.

 

Copinon – Allez limaces dépêchez-vous !

 

Chœur – La société de masse est une société d’abondance !

Quelle joie pour les hommes !

Abondance !

Multitude !

Sagesse !

Amour !

Grâce !

Sérénité !

 

Copinon – Plus vite bande de limaces !

 

Chœur – Oui !

Tu as raison !

Plus vite !

Apportez d’autres brouettes d’ailes !

Frappe-le celui-là.

C’est un vraie limace !

 

Copinon – Une vraie limace !

 

Chœur – D’abord, classez par ordre les ailes !

Celles qui chantent

Celles qui prophétisent

Celles qui naviguent.

Ensuite, bien regardez le faciès de l’homme

Et lui donnez les ailes adéquates.

 

Copinon – Il faut vraiment que je te frappe encore limace !

 

Entrée d’une petite frappe.

 

Petite frappe – Je veux être un aigle !

Un aigle !

Qui vole très haut !

Au-dessus des mers !

 

Copinon – Le messager avait donc raison.

En voilà un qui veut ressembler à un aigle.

Rien que ça…

 

Petite frappe – Planer !

Ouais !

Voltiger !

Ouais !

Voler !

Ouais !

Douceur planeur guetteur !

Je veux être un aigle !

 

Copinon – On a compris.

Que veux-tu de plus ?

 

La petite frappe – Egorger mon père !

Car chez vous, les oiseaux,

Egorger son père,

On trouve ça beau !

 

Copinon – Oui celui qui sort de l’œuf est vraiment impressionnant de battre son père !

 

La petite frappe – Egorger son père c’est beau !

Mais y a surtout le magot !

 

Copinon – On dit surtout chez nous les oiseaux :

Quand un père a mis ses enfants en état de voler,

Les enfants doivent en retour nourrir leur père.

 

La petite frappe – Qu’est-ce que je fous là si je dois nourrir mon père ?

 

Copinon – Pas grave, mon petit.

Tu es venu avec de bonnes intentions.

On va te trouver des ailes d’orphelin.

Mais écoute bien mon conseil :

Tu ne dois pas battre ton père !

Prends ça (une arme)

Et ça ! (un casque)

Apprends à faire le guet.

Sois guerrier !

Et laisse ton père tranquille.

Envole-toi pour les grottes d’Orient.

Il paraît qu’il y a de quoi égorger !

 

La petite frappe – Egorger !

Ouais !

Je suis un guerrier !

Ouais !

 

La petite frappe disparaît.

 

Copinon – C’est bien raisonné.

 

Entrée de Cinésias (déhanchement, tortillement, clopinement.

 

Cinésias – Je veux être un petit oiseau.

Tout petit.

Un tout petit rossignol.

Une petite voix douce qui chante.

 

Copinon – Sois franc !

Dis clairement ce que tu veux !

 

Cinésias – Des ailes !

Pour l’élan !

L’élan céleste !

L’envolée dans les nuées !

Saisir les préludes inconnus !

Entre le vent et la neige !

 

Copinon – Et tu crois que c’est dans les nuages qu’on capte les préludes ?

 

Cinésias – Oui.

La brillance des chants est dans les vapeurs.

L’obscur, le battement d’ailes.

Ecoute tu vas comprendre !

 

Copinon – Hors de question !

 

Cinésias – Mais si écoute !

Je m’envole pour toi dans le ciel :

Forme qui danse dans les airs

Forme qui sinue dans l’éther

Cou dressé.

 

Copinon – C’est bon !

 

Cinésias – Forme portée par le souffle du vent.

Cou altier.

 

Copinon – Je vais te le couper moi ton cou !

 

Précipitation sur Cinésias, à coup d’ailes, et esquive répétée de Cinésias.

 

Cinésias – Forme dans la brise de midi.

Forme dans les airs boréens.

Forme perdue dans son sillon infini.

 

Arrêt du jeu.

 

C’est comme ça que tu me traites ?

 

Cinésias ricane.

 

Et tu te moques de moi ?!

Moi le plus grand et le plus beau des chanteurs.

Sache que je ne renoncerai jamais à vouloir des ailes pour voltiger.

Non, jamais !

 

Il s’en va.

 

Entrée du délateur.

 

Le délateur – Qui distribue les ailes ici ?

 

Copinon – C’est moi.

Que veux-tu ?

 

Le délateur – Des ailes.

Je veux des ailes.

 

Copinon – Désires tu t’élancer dans les airs ?

 

Le délateur – Pas du tout.

Je suis délateur.

Dans la zone des îles.

Je dois lancer des accusations.

Je dois dénoncer des crimes.

 

Copinon – Bravo !

Quel beau métier !

 

Le délateur – Je dois parfois même…

 

Copinon – Oui ?

 

Le délateur - … inventer des crimes.

Il me faut des ailes pour aller d’île en île.

Là, dans les îles, il y a des crimes.

 

Copinon – T’es un chien du peuple en somme !

 

Le délateur – Oui mais pour aller plus vite, je veux devenir oiseau.

Il me faut des ailes.

Et je pourrais éviter les pirates.

Tu comprends ?

 

Copinon – Pas vraiment, mais bon –

 

Le délateur – Tant pis !

Des ailes !

 

Copinon – Des ailes ?

 

Le délateur – Oui des ailes !

 

Copinon – Des ailes de martinet par exemple ?

 

Le délateur – Pourquoi pas ?

 

Copinon – Comme ça par exemple ?

 

Le délateur – Euh, non, ça c’est un martinet !

Nuance !

 

Copinon le frappe.

 

Pitié !

 

Copinon – Des ailes vont te pousser à coup de martinet.

Chien du peuple.

Tu vas t’envoler avec ça.

 

Il continue de frapper.

 

Le délateur – Aïe ! aïe ! Au secours !

 

Il s’enfuit.

 

Entrée de Prométhée, avec foulard et ombrelle.

 

Prométhée – Faut surtout pas que Zeus me voie !

Où est Copinon ?

 

Copinon – Et toi là ?

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Cet accoutrement ?

 

Prométhée – T’aurais pas vu un dieu dans le coin ?

 

Copinon – Non, mais qui es-tu ?

 

Prométhée – Et Zeus avec les nuages ?

Qu’est-ce qu’il fait ?

Il les éparpille ?

Il les concentre ?

 

Copinon – Si tu me dis pas qui tu es, je sors mon martinet !

 

Prométhée – Ok, je me découvre.

 

Copinon – Oh ça alors Prométhée !

 

Prométhée – Chut !

Faut pas crier !

 

Copinon – Qu’est-ce qui se passe ?

 

Prométhée – Chut !

Ne prononce surtout pas mon nom !

Je suis foutu si Zeus me voit ici.

Tiens ça et je t’explique !

 

Temps.

 

Copinon – Oui ?

 

Prométhée – Zeus…

 

Copinon – Oui ? Zeus ?

 

Prométhée – Zeus…

 

Copinon – Zeus… ?

 

Prométhée – Zeus…

Il est…

Mort…

 

Copinon – Euh ? Zeus, mort ?

 

Prométhée – Exactement.

 

Copinon – Et à quelle heure ?

 

Prométhée – Le jour où vous avez envahi l’éther.

Plus de sacrifice aux dieux par les hommes.

Là-haut, on jeûne.

Les dieux barbares ont faim !

Ils vont descendre en force contre Zeus !

 

Copinon – Vous cohabitez avec des dieux barbares, là-haut ?

Comment s’appellent-ils ?

 

Prométhée – Les étripeurs (ou les tripiers – les boyaux).

 

Copinon – Ok, ç’a un rapport avec les abats ? 

 

Prométhée – Exactement. 

Des médiateurs vont descendre de la part de Zeus et des étripeurs pour négocier un accord.

Surtout ne signez rien !

Ou alors Zeus rend leur sceptre aux oiseaux et te donne Majesté comme épouse.

Beau cadeau !

 

Copinon – Qui c’est, cette Majesté ?

 

Prométhée – Une fille splendide.

Qui a la haute main sur la foudre de Zeus.

La haute main sur tout !

Lois,

Commissions,

Trésor public,

Budget,

Gestion,

Salaires,

Comptabilité,

Etc !

 

Copinon – Whouah !

C’est son administratrice suprême ?

 

Prométhée – Exactement.

Si tu l’épouses, tu as tout gagné !

Je suis venu ici pour te conseiller !

Car j’aime les hommes, moi !

Tu me connais !

 

Copinon – Oh oui Prométhée, grâce à toi, on peut manger des grillades !

 

Prométhée – Car je déteste les dieux, moi !

Tu me connais !

 

Copinon – Oh oui Prométhée !

 

Prométhée – Bon il faut que j’y aille.

Donne-moi l’ombrelle.

 

Copinon – Oh oui Prométhée !

 

Prométhée s’en va. Copinon entre dans le fourré pour donner des ordres.

 

Chœur – Dans une forêt de marécages

Dans une forêt d’ombres et d’esprits

Il y a une forêt de morts.

Des morts qui ronflent.

Qui rêvent.

Qui rêvent de vie et de souffle.

Dans une forêt de souffles et d’esprits

Il y a des têtes de morts qui hurlent.

Des têtes de morts qui rêvent de tête de sang.

De tête égorgée. 

 

Arrivée de Poséidon, Héraclès et un dieu Etripeur.

 

Poséidon – Coucouville-les-Nuées !

On y est !

Comment es-tu habillé toi ?

Regarde-moi ce sac à boyaux !

Ses habits ressemblent à une triperie !

Pouah !

Ca pend dans tous les sens !

Comprends pas que les dieux l’aient élu.

Bon Hercule, comment agit-on ?

 

Hercule – Je veux qu’on l’étrangle

Celui qui a décrété le blocus !

 

Poséidon – Mais enfin Hercule on est là pour négocier.

 

Hercule – Tout se négocie dans une gorge qui étouffe.

 

Copinon sort avec une brochette de viandes à la main.

Copinon – La râpe à fromage !

Du fromage !

Du safran !

N’oubliez pas les braises !

 

Poséidon – Salut à toi !

 

Ils font chacun une révérence.

 

Copinon – Il faut que je râpe mon safran.

 

Hercule – D’où vient cette viande ?

 

Temps. Il l’observe.

 

Tu les saupoudres d’abord de safran, toi, les brochettes ?

 

Copinon – Salut Hercule !

Qu’est-ce tu veux ?

 

Poséidon – Nous sommes mandatés par les dieux.

Nous devons trouver un arrangement.

Mettre un terme à notre conflit.

 

Copinon – De l’huile !

La bouteille est vide !

 

Hercule – Bien vu, les brochettes, ça s’arrose !

 

Poséidon – De notre côté, nous n’avons aucune raison de faire la guerre.

Du votre, si les dieux étaient vos amis, les flaques d’eau seraient pleines !

Ou l’air plein de soleil !

Vous seriez tous des oiseaux de Paradis !

 

Copinon – Nous sommes prêts à signer un traité de paix.

Avec pour accord : que Zeus redonne aux oiseaux son sceptre !

Signez et je vous invite à déjeuner !

 

Hercule – Moi je signe !

 

Poséidon – Que fais-tu, glouton !

Tu veux tuer ton père ?

 

Copinon – Mais peut-être seriez-vous plus forts le jour où les oiseaux règneront sous le bleu du ciel ?

Les dieux et les oiseaux doivent s’unir en un même combat contre les hommes qui vous maudissent, cachés sous les arbres !

Nous, les oiseaux, nous pouvons les voir et les entendre.

Les punir.

Très vite.

Beaucoup plus vite que vous !

 

Poséidon – C’est fort juste !

 

Hercule – Je signe !

 

Copinon – Et toi, qu’en penses-tu ?

 

Etripeur – Trap trop trip trèp bouaille –

 

Hercule – Lui aussi il signe !

 

Poséidon – Donc je signe aussi !

 

Hercule – Signons !

 

Etripeur – Trat trèt trip trèp bouaille –

 

Hercule – On signe !

 

Copinon – Excellent !

Maintenant dernier point.

Je fais cadeau d’Héra à Zeus, c’est entendu !

Mais Majesté, il doit me la donner pour femme.

 

Poséidon – Tu aimes décidément la guerre.

On ne signe plus.

 

Il s’en va.

 

Copinon – Tant pis pour vous !

Je veux qu’on me serve une sauce douce et onctueuse !

 

Hercule – Pas de précipitation !

Faire la guerre pour une femme ?

Bof !

 

Poséidon – Y a-t-il autre chose à faire ?

 

Hercule – Signer la paix !

 

Poséidon – Comprends qu’il te roule !

Si jamais Zeus vient à mourir,

Et que les Oiseaux sont rois ?

Tu seras nu.

Alors que l’héritier du trône, c’est toi.

Car t’es son fils.

 

Copinon – Comprends qu’il te roule !

Si jamais Zeus vient à mourir,

Et qu’il est encore le Roi ?

Tu seras nu.

Car t’es un bâtard.

 

Hercule – Moi un bâtard ?

 

Copinon – Exactement.

Et pas d’héritage pour le bâtard !

Héritage pour le premier parent légitime !

Héritage pour Poséidon !

Comprends qu’il te roule !

 

Hercule – Rien pour moi ?

 

Copinon – Exactement !

Signe avec nous et je te fais Roi !

 

Hercule – Je signe et qu’on lui donne Majesté !

 

Copinon, à Poséidon – Alors qu’est-ce que t’en dis ?

 

Poséidon – Je ne signe pas !

 

Copinon – Et Etripier ?

 

Etripier – Troup trup trip trèp bouaille –

 

Hercule – Il signe et il donne Majesté.

 

Poséidon – Absolument pas.

Il dit qu’on la donne, certes, à condition qu’elle ne sache pas marcher comme les hirondelles.

 

Copinon – Alors on la donne aux hirondelles !

 

Poséidon – Je signe !

 

Hercule – Je signe !

 

Etripier – Trak trok trèp trip bouaille –

 

Hercule – Il signe !

 

Copinon, montrant la brochette – Notre repas de noce !

 

Hercule – Je me charge du rôti en attendant.

 

Poséidon – Hors de question !

Tu t’empiffrerais.

Tu viens avec nous.

 

 Hercule – J’avais pourtant trouvé une bonne idée…

 

Copinon – Qu’on m’apporte la robe nuptiale !

 

Ils rentrent.

 

Chœur – Dans la forêt des accusations

Dans la forêt des délations

Il y a des forêts de langues.

Des langues qui mentent et qui s’engraissent

Qui mentent pour de l’argent. 

Il y a des forêts de langues

Des langues qui bavent.

Qui glissent et qui se mélangent.

Il y a des langues

Qu’on coupe avec un couteau.

 

Accueillons notre roi dans son palais

Il est bientôt là

Il s’approche

Il brille

Dans le soleil

Dans l’infini

Son épouse

Lumière

Divine

Foudre

Océan d’amour

Parfum d’amour.

 

Apparition de Copinon et de Majesté.

 

Là !

C’est en lui

En chair et en os !

Musique !

 

Reculons !

Rangeons-nous !

Serrons-nous !

Ciel !

Grâce !

Ciel !

Allégresse !

Ciel !

Beauté !

Ciel !

Bonheur !

Ciel !

Félicité !

 

Coryphée – Gloire et bonheur à cet homme providentiel !

 

Chœur – Eros vêtu de fleurs

Eros, aux ailes de lumières

Eros, dans sa chevauchée

Eros garçon d’honneur

Eros est là.

Radiant.

Souriant.

Troublant.

Violent.

 

Copinon – Merci.

Merci beaucoup.

Quelle joie !

Maintenant chantez Zeus !

 

Chœur – Zeus lumière d’étoile

Eclair de choc.

Empire d’étincelles

Puissance d’incendies

Chaos souterrain

Energie et tonnerre

Pluie de vie

Tremblement de nuit

Maître de toutes les forces

Zeus est là

Confiant

Bienveillant

 

Copinon – Maintenant cortège !

Suivez-nous !

Allons au lit nuptial !

A Majesté : Et toi

Prends mon bras

Pour danser

Voltige et vertige !

 

Chœur – Vive le roi !

Vive le roi !

Vive le roi !

 

Danse joyeuse.